LA colère gronde dans la rue. Les citoyens qui se sont mobilisés samedi dans des marches de protestation ont exprimé leur dégoût du système politique en place. C’est le énième coup de semonce que le peuple adresse à ses gouvernants. Pourtant, en pleine crise politique, les trois présidents restent de marbre. Ils se regardent en chiens de faïence. Chacun campe sur sa position alors qu’il y a péril en la demeure. Qui fera le premier pas? Personne ne le sait. Cette situation inédite fait froid dans le dos. Elle fait peur et fait fuir les investisseurs et les bailleurs de fonds. Elle frappe d’inaction la moitié du gouvernement, paralyse le Parlement et bloque l’administration. C’est un pays à l’arrêt. Une économie plombée et tous ses moteurs sont grippés. Pendant ce temps, le coronavirus continue à faucher des vies. Des centaines de vies. Mais qui s’en soucie ? Sûrement pas ceux qui sont en train de se tirer dans les pattes. En première ligne face à la pandémie, l’armée blanche est livrée à elle-même. Mais le combat n’est pas facile quand le doute plane. Quand on n’est plus certain. Quand on a plus confiance. C’est pourquoi l’ultime recours pour faire entendre sa voix est la rue. Cette rue qui ne nous appartient plus. Qui est interdite d’accès, barricadée et militarisée. Mais quoi que l’on fasse pour dissuader les gens de manifester, ils reviendront plus nombreux, plus déterminés à exprimer leur mécontentement. Car il ne nous reste plus qu’à crier. Mais dans ce contexte où rien ne va, que faut-il faire pour faire bouger les lignes ? On a l’impression fugace que tous les acteurs politiques attendent le round où l’un des trois présidents sera envoyé au tapis. Or dans ce duel au sommet, il n’y aura ni vainqueur ni vaincu. Il n’y aura qu’un pays dans le précipice. Il n’y aura que des dommages collatéraux dont l’effet se fera ressentir sur la bourse des citoyens. D’ailleurs, alors que les manifestants préparaient leurs banderoles et leurs écriteaux, une révision à la hausse du prix des carburants a été opérée. C’est l’effet papillon. Bonjour les dégâts !
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Jerbia Abdessattar
8 février 2021 à 12:51
Quand on n’a plus confiance.